C’est l’histoire d’une question. Une question restée longtemps libre de réponse malgré son caractère familier. Peut-être était elle trop importante…
Pourquoi alors que ce monde est si vaste, merveilleux et diversifié semblons nous être seuls à l’habiter ?
Non pas que nous ignorions l’existence d’autres règnes, vivants ou non mais plutôt que nous ne leur accordions absolument aucune place à moins d’en tirer profit de façon directe et évidente.
Évoluer dans un monde où nous sommes virtuellement seuls, c’est se priver de nombreux cadeaux comme la vie nous en offre en permanence. Subtilement discrets mais aussi profondément précieux : la beauté, l’émerveillement, le plaisir de la découverte, de la curiosité…
C’est aussi se priver du plus indispensable : prendre soin de soi en prenant soin de l’autre. Je suis, je me sais, je reconnais mes qualités humaines dans le soin que je te porte.
Co-habiter le monde, c’est reconnaître en l’autre, humain ou non, le miroir de notre humanité. C’est renouer avec toute la gamme de nos besoins, l’occasion d’une rencontre avec l’infini de notre sensibilité… Et le plus essentiel, reconnaître et soigner collectivement notre peur de la relation à l’imprévisible.
Le chemin vers cette réconciliation peut sembler ardu. Pétris d’une culture de l’uniformité et éduqués à la performance individuelle, le différent, dans sa forme comme dans son comportement est inconfortable. Il remet en cause mes certitudes, me demande de partager sans annoncer de contre-partie.
Pourtant ceux qui arpentent ce chemin vous diront unanimement comme il est doux. Bien sûr il demande aussi du courage mais par chance de moins en moins à mesure que nous lui redonnons de la visibilité. La jungle de la différence laisse petit à petit la place à un sentier vivant et lumineux dépouillé de nos croyances obsolètes.
Sur ce chemin j’ai rencontré des enfants qui m’ont rappelés que j’avais mis de côté une partie de moi-même depuis trop longtemps, une jeune fille dont l’autisme m’a demandé si ce n’est pas un peu ennuyeux d’être si normal, une pierre m’y a conté les mystères de l’univers, une éphémère m’y a chuchoté que tout va bien, toujours. Au fil du temps, apprivoisant mes peurs, je m’y suis rappelé que rien n’est plus précieux que la rencontre. Se connaître, grandir auprès de l’autre comme miroir de moi-même.
Ce chemin, nous sommes invités à le suivre collectivement, tout simplement parce que nous ne l’avons jamais quitté qu’en apparence et qu’il devient urgent de ne plus remettre à demain la magie du monde.
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