Je passe aujourd’hui le plus clair de mon temps à concevoir des espaces extérieurs permacoles et à accompagner leurs humains vers une relation symbiotique avec leur lieu, eux-même et la vie dans son ensemble.
Au fil du temps, alors que j’étais parti de la voie classique de production comestible selon les principes de permaculture s’est posée la question suivante : Qu’est ce que nourrir un humain selon la vision permacole ?
La perma-culture nous invite à construire une culture humaine « permanente » dans le sens de durable parce qu’auto-régénérative.
Ses bases éthiques sont : prendre soin de l’humain, prendre soin de la terre (prendre soin de la vie finalement), créer de l’abondance et redistribuer équitablement les surplus (une base éthique qui à mon sens est une conséquence des 2 précédentes)
En fait, rien dans les fondements de la permaculture ne place l’alimentation au centre.
Aussi vertueux que soit la création de jardins forêt, de production maraîchère écologique, de jardins partagés, etc., mettre l’accent sur la production alimentaire me semble très réducteur depuis que cette question s’est posée : Qu’est ce qui me nourrit ? Vivre seul dans un jardin forêt, atteindre des rendements exceptionnels en étant écologique, produire tous mes légumes et vivre en autarcie… Évidemment non!
Je suis nourrit par des regards, la beauté d’un lieu, le sentiment d’appartenance à la grande famille du vivant, l’émerveillement face à l’existence de cette petite planète qui nous porte, des joies et des peines reconnues et aimées, la réussite d’une plantation pour la beauté du processus de vie… la liste serait longue !
Par chance, cette tendance à focaliser sur l’alimentaire (on pourrait parler de la biodiversité aussi) n’est qu’une mauvaise habitude. Je n’ai encore jamais rencontré quelqu’un qui me dise que satisfaire uniquement ses besoins biologiques soit suffisant.
Mon souhait au travers de ce texte est de ré-élargir le regard, ramener au centre les raisons réelles des actions que nous portons chacun, mais la plupart du temps inconsciemment, perdant au passage le sens de notre démarche profondément positive et nécessaire.
Mon attirance, votre attirance pour la permaculture n’est pas pratique, elle naît d’une reconnaissance de nos besoins profonds. Re-connaître ce sens intime sous-jacent à nos actions est fondamental afin de rentrer dans un processus conscient de création de lieux nourrissants pour l’humain à tous les niveaux.
Concrètement, cela m’amène aujourd’hui à imaginer des lieux beaux, sauvages, favorisant la rencontre, la sensorialité, le lien au vivant, aux éléments, l’émerveillement … et aussi comestibles mais parfois de façon très anecdotique parce que le contexte du projet fait que l’enjeu se situe ailleurs.
Reconnaître la vastitude de nos besoins, c’est aussi reconnaître la beauté qui nous habite, l’incroyable potentiel dont nous a doté la vie et qui ne demande qu’à s’exprimer.
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