Une cour vivante pour l’école publique de Doussard
Un projet qui ne cesse de faire des émules et nous a conduit à Berlin au printemps 2023 dans le cadre d’un projet Erasmus+
Besoins
- Ramener de la vie dans une cour d’école de 6000 m2 largement goudronnée mais où existent tout de même de petits espaces verts peu accessibles aux enfants
- Renouer avec l’ensemble du vivant en décloisonnant les espaces verts (majoritairement grillagés)
- Répondre aux besoins variés des enfants (calme, jeu, découverte, interaction avec leur environnement…)
- Créer une cour qui soit un support pédagogique et un lieu de vie agréable
- Intégrer les élèves et les parents à toutes les étapes du projet
Processus
- Transformation de la cour sur 3 ans et accompagnement sur 5 ans (gestion, pédagogie, ajustements…)
- Important travail de concertation initial (rêve collectif, questionnaires, travail des les classes…)
- Communication régulière pour faire vivre la dynamique collective à l’échelle de l’école, communale et départemental
- Chantiers participatifs 2 fois par an (50 à 80 adultes + les enfants!)
- Comité de pilotage dans le cadre du label E3D pour valoriser le projet, faciliter le retour d’expérience et densifier l’écosystème du projet (plus de 50 organismes partenaires en 2023)
L’histoire d’une cour d’école vivante
Depuis le début de ce projet en janvier 2021 il s’est passé tellement de choses! Tant d’inattendu, de cadeaux improbables qui ont fait grandir ce projet et notre vision des possibles!
Plus verte mon école c’est le genre de projet qui révèle la réalité d’une permaculture globale allant dans le sens de la vie et prenant soin de l’humain sans concession pour créer un véritable système vivant qui s’auto-organise et croit par lui-même. Un projet qui révèle ce potentiel qu’à la vie de créer bien au delà de ce que l’on imagine si on lui laisse la place.
Ce projet s’appuie sur une dynamique au niveau communal et au sein de l’école qui sont déjà établies de longue date. Comme le dit souvent Laurent (le directeur), il ne manquait qu’un maître d’œuvre pour créer du lien entre toutes ces bonnes volontés.
Nous avons commencé par une journée de rêve collectif pendant l’hiver 2021. Des acteurs déjà très variés ont imaginés ensemble leur projet idéal en s’appuyant sur un mandala holistique, outil précieux quand il s’agit de créer ensemble. A suivi un travail de rêve en classe avec les enfants, plus de 150 questionnaires remplis par les parents, habitants de la communes, enseignants… pour mettre à profit l’intelligence collective. A l’issue de la synthèse de toutes ces informations, j’ai été frappé par la puissance de ce processus à grande échelle. C’est venu confirmer un adage bien connu en permaculture 1+1=3. Au delà de l’intelligence systémique à l’œuvre, j’ai été touché par les qualités humaines qui ressortaient de cette consultation. Prendre soin de l’humain, c’est aussi lui permettre d’exprimer le meilleur de ses qualités.
Comme souvent il a été important de savoir aussi écouter les peurs qui bloquent tant de projets et n’ont pas tant besoin de solutions techniques que d’écoute attentive et empathique.
Après ces longs mois de travail intellectuel est venu le temps des chantiers participatifs. Le premier, bien humide et en semaine a rassemblé une petite vingtaine de courageux pour poser une première pierre symbolique avant les grandes vacances. L’automne venu nous avons débuté les plantations et commencé, alors que ça n’était pas prévu à l’origine, d’enlever de l’enrobé à la faveur de la participation d’ancien élèves de l’école travaillant dans les travaux publics. Il faut avouer qu’avec des volontaires qui viennent en tractopelle, plus de 50 parents et le feu vert de la mairie on se met vite à voir les choses en grand !
S’en sont suivis d’autres chantiers plein de créativité, de rencontres et d’émerveillement face à cette dynamique tellement nourrissante pour tous.
Après 3 années s’épanouit aujourd’hui un lieu complètement nouveau en train de devenir un second cœur de village. Les enfants qui ne trouvaient pas leur place en classe s’expriment au jardin, lors des chantiers improvisés de la récré… et retrouvent une confiance qui les porte pour dépasser leurs difficultés. Chacun trouve de quoi nourrir son besoin du moment : calme, action, création, intimité… Des éléments essentiels à la construction de chacun et à la vie en collectivité.
Aujourd’hui, la dynamique va dans le sens d’encore plus de créativité dans les solutions techniques, de la création d’une cour outil pédagogique, de l’ouverture du lieu aux habitants dans le cadre scolaire mais aussi en dehors… Les idées foisonnent à la faveur d’un réseau de partenaires toujours plus grand. La vie est en marche, elle prend soin d’elle-même et semble bien décidée à continuer de grandir et d’inspirer.
C’est un dernier point fondamental à mon sens : utiliser la re-végétalisation des cours d’écoles comme outil de création d’une nouvelle culture locale, d’un renouveau social autour du soin à l’humain, au vivant, porté par le rêve, la valorisation des qualités de chacun, le droit d’essayer, de se tromper, d’apprendre ensemble.